Cet essai Le possible et le réel a paru dans La pensée et le mouvant qui est un ensemble d’essais et de conférences.

Si nous avons jugé opportun d’en faire aujourd’hui cette préface… c’est que se trouve au sujet de cet essai cette opinion trop tranchée que : « Nous considérons souvent le possible comme ce qui précède le réel. Or, selon Bergson, le possible n'existe pas avant le réel, mais après lui. »

Or selon une approche absolue du réel, c'est-à-dire détachée de l’existence d’un humain observateur… le possible existe avant sa réalité…

Cela est évident puisque sans remplir les conditions préalables à l’apparition d’une réalité nouvelle… la dite réalité nouvelle ne peut pas venir à l’existence…

Donc des penseurs athées ont mis sur pied un système sans conditions préalables aux choses… ainsi la cause première d’Aristote n’est plus nécessaire, ce qui revient à dire que Dieu n’est plus nécessaire comme potentialité première de toutes choses…

Ainsi, dans le but de rendre Dieu facultatif, naissent des fornications intellectuelles qui refusent de considérer l’approche absolue du réel, c'est-à-dire détachée de l’existence d’un humain observateur.

Ils n’ont donc pas d’autre alternative que de considérer, non l’étude des choses, mais la seule existence des choses par leur propre subjectivité… Ils disent effectivement que le réel n'existe que si un observateur est présent pour le percevoir… ce qui revient pour eux à penser que s’ils sont morts… rien n’existe… ni vous ni moi ! Ce qui vous en conviendrez est illogique.

Dans cet essai Henri Bergson écrit par exemple : « Car le possible n'est que le réel avec, en plus, un acte de l'esprit qui en rejette l'image dans le passé une fois qu'il s'est produit. » Vous conviendrez volontiers que si le possible est le réel… c’est bien l’élimination de la potentialité puisqu’elle est synonyme de la chose elle-même.

Et qu’Henri Bergson ajoute ensuite que c’est l’esprit, donc un acte humain, qui place l’image d’un possible dans le passé avant sa réalisation… c’est bien faire du possible non une potentialité de la chose réalisée, mais une vision intellectuelle sans aucun rapport avec une réalité du possible.

Le système athée s’appuie sur une construction idéée à partir des sciences expérimentales… ce système veut qu’il n’existe pas une potentialité du réel à l’apparition d’une nouvelle réalité apparente, et s’appuie donc sur une fornication intellectuelle du principe d'incertitude de Heisenberg, qui substitue à la notion d’incertitude sur la mesure quantique, une incertitude sur l’existence des choses observées [1]».

Le système athée philosophique extrapole encore en affirmant que le réel n'existe que si un observateur est présent pour le percevoir…

L’essai Le possible et le réel est une quintessence de ce « système athée philosophique », en faisant qu’un possible a toujours existé dans le passé, par « un acte de l'esprit qui en rejette l'image dans le passé » (lire ci-dessus), quand sa réalité est observée selon cet autre extrait : « Au fur et à mesure que la réalité se crée, imprévisible et neuve, son image se réfléchit derrière elle dans le passé indéfini ; elle se trouve ainsi avoir été, de tout temps, possible ; mais c'est à ce moment précis qu'elle commence à l'avoir toujours été, et voilà pourquoi je disais que sa possibilité, qui ne précède pas sa réalité, l'aura précédée une fois la réalité apparue. »

Autrement dit Henri Bergson considère par ces deux extraits ci-dessus, qu’un possible d’une chose, qui selon une approche absolue du réel satisfait aux conditions préalables à l’existence de cette chose, existe selon le « système athée philosophique » uniquement par un acte spirituel d’un observateur percevant la réalité de la chose.

Alors pour arriver à faire croire que Dieu Créateur n’existe pas… le système athée défendu par Henri Bergson fait croire qu’un possible n’existe avant sa réalité qu’une fois que sa réalité existe… Alors dans ce système, avant qu’une réalité existe, son possible n’existe jamais du point de vue d’un observateur !… L’observateur athée n’accepte que sa propre perception subjective de la chose existante dans le réel, et nie la possibilité de la chose qui préexiste dans le réel sans qu’il la perçoive. Il réduit la chose qui préexiste dans le réel sans qu’il la perçoive, à une idée à posteriori sans existence réelle. Donc selon le système athée, ainsi en est-il de Dieu comme de toutes les potentialités matérielles du réel existant, une construction mentale humaine à postériori au moment de l’observation de l’univers venu à l’existence. Idée qui est le fondement de la négation de l’idée même d’inférence qui est l’opération logique par laquelle on admet une proposition en vertu de sa liaison avec d'autres propositions déjà tenues pour vraies, le mouvement de pensée allant des principes à la conclusion, ou autrement dit le mouvement de pensée allant de la perception d’un effet du réel et remontant à sa cause dans le réel. Bref le système athée annihile le fondement même de l’intelligibilité des choses qu’est la logique...

Et Henri Bergson ajoute donc de réduire la chose qui préexiste dans le réel, au réel lui-même, quand, répétons-le, il écrit : « Car le possible n'est que le réel avec, en plus, un acte de l'esprit qui en rejette l'image dans le passé une fois qu'il s'est produit. »… Et ce système athée sera adopté par Adolf Hitler, pour qui Dieu est réduit au réel observable qu’est l’univers, autrement dit pour qui Dieu n’est autre que l’univers lui-même, car Adolf Hitler écrit que le pieux est celui qui contemple l’univers observable : « Je crois que celui qui contemple l’univers avec des yeux grands ouverts est l’homme le plus naturellement pieux : pas dans le sens où l’entendent les religions, mais dans le sens d’un accord intime avec les choses. » (Adolf Hitler [2])

Par Arnaud Barbey le 16 février 2023

---